Éthologue :
Maintenant que tu le dis
maintenant je le vois comme tu me dis.
je vois ce que tu veux dire.
Ce que je voyais au regard ancien est toujours là
mais j'y pose un regard nouveau
le rêve devient vision
la scintillence du morphe d'un bipède apparaît.
Bien sur je reconnais un bipède
comme il se voit d'évidence
mais éthologue morphique
comme l'aveugle hallucinant une vision
je cherche le morphe
cet homme ou cette femme et son milieu de l'univers d'Uexkull
toute sa réalité
son histoire
sa culture
son savoir.
Je cherche les actualescences se faisant
des actualescences sans cesse renouvelées
je cherche la réalité à observer
le morphumanya tout entier
il n'y a plus de limbes
il n'y a plus que la réalité infinie.
Regarde autour de toi.
N'y voit aucune dimension, ni grand, ni petit
aucun ordonnancement euclidien
il n'y aucun Euclide pour l'établir
juste la réalité glanée au touffu des apparitions
une vision advenu à mon champ des possibles
une idée en l'air portée par Morphée.
Bien sur il y a la substance
mais je ne vois que le morphumanya
cet halluciné est la réalité apparue.
Je scrute la gluance axiale et verticale
un squelette, des pieds de bipède
un crâne volumineux, un visage faisant face
et une réalité participant de l'actualescence.
La gluance humaine apparaît
se déplaçant, vivant dans la réalité
un univers de savoirs.
Le halo de cohérence est la réalité
chaque actualescence faisant cohérence dans le réalité
fait apparaître cette réalité.
la réalité est un monde.
Entre bipède et la réalité
il y a une histoire de mot et de création
l'un donnant naissance à l'autre.
Je scrute la réalité.
Les bipèdes outillés
marchent dans un paysage
se racontant une histoire
envisageant un monde infini.
Je vois
un narrateur
un géographe
un architecte
un chamane
un anatomiste
un psychologue.
A la trame des instants
je vois les actualescences de la gluance bipèdes
des actes se faisant dans la réalité.
A chaque instant l'acté du morphe dans son entier
intègre l'acté de la figure du sujet
ils deviennent acte dans la réalité
ils deviennent instant vécu à la trame des instants.
Du bipède, éthologue morphique
j'observe des échanges de regards
des regards qui désignent et font signes
deux bipèdes voyant d'un même regard
partageant le même monde.
Ils vivent la même réalité
ils désignent d'un même mot cette réalité
un mot
venant d'une langue maternelle
venant d'une langue en partage
venant d'un récit déjà entendu
venant d'un récit fondateur de cité
venant d'un récit fondateur de civilisation.
Du bipède, éthologue morphique
j'observe des paroles, le langage
qui du désigné en fait la narration
qui du désignant fait le sujet de la narration.
Un récit qui donne un sujet à la narration
le sujet narrateur
quelqu'un est là, sujet de verbe
dans l'univers du réel.
Du bipède, éthologue morphique
je le vois qu'il se promène
voisin d'escalier ou de civilisation
un bipède comme moi
d'une commune humanité.
Du bipède, éthologue morphique
j'écoute les histoires qu'il se fait
écrivant des livres de papier et d'encre
un sujet qui de mots, dit ses décisions
un sujet qui de mots, construit des savoirs
un sujet qui de mots, écrit fantaisie ou poème.
Du bipède, éthologue morphique
je le vois contemplant la réalité
je le vois regardant la carte géographique
je le vois fabriquant des outils
je le vois voyageant sur des bateaux
je le vois parcourir le connu
je le vois partir à l'inconnu.
Du bipède, éthologue morphique
je le vois construisant sa réalité
construisant des demeures et des foyers
faisant un dedans et des stratégies protectrices
le trait d'un premier mur
le rectangle du premier temple
le cercle faisant cité, pays ou frontières
et des dehors pour chaque dedans.
Du bipède, éthologue morphique
j'entends l'invocation des au-delà et des ailleurs
j'entends le conte de son rêve
j'entends le rythme sur le bois
j'entends l'incantation protectrice.
Du bipède, éthologue morphique
j'observe ses mécanismes
réglant des horloges
articulant des corps
agençant des signes en rituels
réparant des machines
déroulant ses pensées
s'égarant en lui même
méditant à sa respiration.
Du bipède, éthologue morphique
je vois les sciences et les égarements.
Regardant la gluance bipède
mais oubliant le morphe dans son entier
pour l'éthologiste au monde d'Aristote
le bipède apparaît sachant le monde
et conscient d'être au monde.
De cette conscience il cherche
ou bien sa cause
ou bien son origine
ou bien sa nature.
Regardant le bipède dans sa réalité
tout cela est invention
et voir ce qui n'est pas.
Morphumanya étant monde
est comme tout morphe
est sans raison et sans cause seulement advenu.
Ainsi ce morphe bipède
d'actualescences en regards partagés
qui fait sujet et transmet ses savoirs
qui fonde société et civilisation
manifeste qu'halluciner un monde y étant réaliste est un avantage.
La descendance d'un bipède est nombreuse.
La descendance d'un bipède est planétaire.