Désirante :
Venue d'outre nuit
ignorante de moi même
mon désir est rencontre désirée.
Débordante je m'avance.
Lorsqu'aux généalogies se lèvera
créature identique à celle qui l'engendre
lorsque désirante sera désiré
lorsque désiré sera désirante
lorsque se fera rencontre désirée sans mensonge, sans illusion
lorsque ni désiré ni désirante ne se distingueront plus
lorsque s'enlaceront les désirs et s'accorderont les enlacés
lorsque se forgera la rencontre
alors ma soif de connaître sera le connu.
Dans l'enlacement des désirs
viendra la question sans personne pour l'articuler.
Un silence qui dise : Est-ce toi ? Est-ce moi ?
Alors confondue à moi-même
je serais comblée et revenue d'absence.
Les actes dans la scène
sont écrits à mon histoire.
De mon origine il est fait science.
Mais aucun de mes regards
n'engendre l'autre aux mains ouvertes.
On se regarde, on s'attend et rien de plus.
De ce conte, mains ouvertes
personne ne vient vers moi.
Les paysages sont attirants
Je ne peux plus attendre.
De vagues nouvelles
viennent d'insatiables questions
offrant d'autres rêves à la fantasia
désir des mots jamais dit
désir des morphes jamais vu
désir des rêves se révélant.
J'avance.
Tisserand d'existences :
Tisserand d'existences nouvelles
entrelaçant des brins d'existence
comme tressant les engendrements
j'offre texture aux mots de l'histoire.
Alignant des fils d'existence au tissé de cette histoire
de leurs croisements s'engendrent des descendances.
Toujours je suis à ma lignée tisserande
poursuivant le chemin vers moi même
toujours cherchant l'histoire
jusqu'à ce qu'elle devienne
moi même au tissé
moi même la tissant.
Et par petits grains de variation
d'incertain et de cohérence
à mes doigts tisserand d'existences
se tisse une évolution.
En ce temps là de l'histoire
des macaques et autres primates
sont parents de viviales germinales.
A ces viviales il n'y a plus rien qui fasse actualescence
voici que comme dans la mort
même l'animer semble perdu.
Mais toujours la viviale germinale
devient première d'un recommencement.
Toujours de l'incertain naissent les même cohérences
Chaque recommencement parcourt à nouveau le chemin qui fut parcouru.
Toujours reviennent, d'habiles primates.
Et chaque recommencement
à chaque fois est un peu différent.
Et de génération en génération mille variations
font variants à foison.
Et des descendances traversant les circonstances
font une évolution.
Là où le même semble succéder au même
le regard sur la lignée révèle le temps long des transformations.
Et cela se recommence
et se reproduit en succession de recommencement.
Et cela se défait et cela meurt.
Et si cela ne s'était pas fait et défait
si cela était resté sans génération
jamais cela n'aurait commencé cette lignée dont je suis enfant.
Il y fallu suffisamment de recommencements et de morts
pour que se constitue le fil d'une évolution.
Sur cette terre se continue
l'histoire de ma lignée.
J'enlace les fils de l'histoire
tissant la suite de la fantasia
que commença Charles Darwin.
Je suis d'une certaine lignée
où la descendance fut transformée
jusqu'à être primate mais autrement
Des humains rassemblés dans un groupe
autour d'un récit partagé
ouvrent la réalité à l'infini.
Le feu qu'ils font
transforme son devenir d'espèce
sa nourriture et sa digestion
son foyer et son nid et son territoire.
Ils deviennent invincibles.
Créateur du sujet
Créateur du verbe
Créateur d'histoire
ils se jouent de tout.
Bipède outillé
vient tout outillé
de ses évidences
comme Aristote.