Protectrice des morphes :
Protégeant du mieux que je peux
les morphes pour leur prochaine apparition
longuement je prends le temps.
Je retiens les mots.
Je garde encore le silence.
Protectrice des morphes
des formes pas encore nommées
dénouant les certitudes
j'éloigne les mots précipités
qui détruisent les morphes
je protège de l'insignifiance, de l'insensé, du savoir inutile
je suspend les mots qui ne font pas sens.
Tu renonces à l'attrait des fonctionnements et de leurs chimies.
Tu renonces à l'émergence des cybernétiques.
Tu renonces à l'invisible d'un mystère ou au divin.
J'enlève les mensonges que tu fais à toi même.
J'enlève les illusions auxquelles tu aimes te perdre.
J'élimine tous les déjà vécus.
Suivant la mathématicienne
portée par un regard hallucinant
je laisse venir les fulgurances.
Suivant le cap des rêves morphiques
gestante des fulgurances
j'ouvre le flux des métamorphoses jamais nommées
je laisse les morphes être la forme se faisant
et rien d'autre.
Attente et silence, contemplative
tu laisses venir des fulgurances
non entravées par le déjà vécu.
Elles viennent d'avant que tu ne sois pour les vivre.
Sensible et dépouillée :
Contemplation de ce réel
comme Fernando Pessoa regarde les champs et les rivières
je laisse arriver ce qui m'arrive en cette circonstance.
Y être de haute présence
comme n'y étant pas.
Sujet du voir, je me sens.
Suivant le cap des rêves morphiques
je vis des gestes sans aucun mot pour les dire.
Je m'accompagne en silence du geste se faisant
prenant le temps de faire encore, ce qui déjà se fait.
Ainsi je vais en subjectivation morphique.
Les actes de visualisation du macaque
sont-ils dans mon vécu ?
Je ferme les yeux.
Sensible et dépouillée
comme à l'atelier
quittant les évidences
je vis, je me sens vivre, je sens.
Je vis un champ visuel
une scène visuelle
un imaginaire dans tout son déployé
comme chaque grain d'une image
dont parfois je constate l'illusion.
Une scène qui attend les geste que j'y ferais.
Une scène qui m’apparaît.
Rien d'autre.
Je vis chaque instant qui se fait
comme si de scènes j'étais faite
toujours la scène est entière.
Une scène pour y voir
Une scène pour y entendre
Une scène où entrer ou sortir
Une scène où jouer.
Une scène hallucinée avant d'être remplie de gestes
et rien d'autre.
Comme à l'atelier
hypothétique danseur
à chaque instant
j'organise mes actes par une vison panoramique
de mon regard je suis le geste entrain de se faire
j'affine ainsi l’agilité de mes actes.
J'identifie des utilités par tous les actes que je pourrais faire.
J'identifie ce qui se voit par tous les gestes utiles.
Comme à l'atelier
hypothétique danseur
je sais bien tes peurs, tes désirs
voilà ce sont aussi les miens
je vis l'acte comme si j'étais à la place de l'autre
comme si j'étais dans ses yeux
je suis tout en empathie.
J'identifie ton émotions, elle se marque sur mon visage
je la vis.
Voyant le primate il n'est pas rare que je le comprenne
comme si nous étions de même famille.
Je vis des actes de visualisation
un regard qui se promène
comme imaginant des déplacements dans des paysages
des voyages dont je ne suis pas le sujet
dont je ne suis pas l'origine, ça m'arrive.
Mon expérience vécue est cet halluciné, ce rêve, ces verbes
qu'une Mathématicienne m'a révélé.
Fulgurance.
Des fulgurances en permanence entrain de se renouveler
sans cesse s'actualisant
des regards et des actes s’enchaînant sur scène.
Ils sont ce que je retrouve
lorsque je descend les escaliers d'Eurydice
une scène dont je suis spectateur.
une scène dont je suis la joueuse.
A l'atelier
renonçant à l'évidence
j'ai vécu des actes précis dans une scène
des actes apparus de rêve morphique
des actes apparus d'hypothèse de danseur.
Ils sont des danses qui me font
des voyages et des paysages.
Chaque actualescence est un scintillence.
La fulgurances des regards composant les instants
je la nomme scène du praticable.
