Sensible et dépouillée :
Contemplation de ce réel
comme Fernando Pessoa regarde les champs et les rivières
je laisse arriver ce qui m'arrive en cette circonstance.
Y être de haute présence
comme n'y étant pas.
Sujet du voir, je me sens.
Suivant le cap des rêves morphiques
je vis des gestes sans aucun mot pour les dire.
Je m'accompagne en silence du geste se faisant
prenant le temps de faire encore, ce qui déjà se fait.
Ainsi je vais en subjectivation morphique.
Les actes affectueux de l'écureuil
sont-ils dans mon vécu ?
Je ferme les yeux.
Sensible et dépouillée
comme à l'atelier
quittant les évidences
je vis, je me sens vivre, je sens.
Je joue, j’apprends
je vis des actes de tendresse ou de vigilance
chaque geste exprime une attention aux circonstances ou à soi
chaque geste rappelle une mémoire.
Je vis dans le connu.
Au delà il y a l'inconnu.
Rien d'autre.
je vis chaque instant qui se fait dans le connu
comme des liens qui se tissent
comme si d'instant affectueux j'étais faite
je connais cet espace auquel je suis attachée
je connais, je prévois, j'anticipe
je protège ma descendance et mes amis.
et rien d'autre.
Comme à l'atelier
je suis présence
hypothétique danseur
sentiment d'être là
je me sens existence.
A chaque instant je suis présence au tissé des liens.
Chacun de mes actes est aussi un acte de présence.
Comme à l'atelier
hypothétique danseur
je suis dessin, j'habite une forme.
Touchant l’air par des gestes imaginaires
je m'invente des limites corporelles
possible ou impossibles.
Je joue de,moi-même
me sentir grand ou petit
légère ou lourde
eau ou pierre.
Comme à l'atelier
hypothétique danseur
j'éprouve des mouvements intérieurs.
J'imagine des fluidité ou des rigidités
qui se font et se défont
des tournoiements invisibles
des ascensions ou des descentes vertigineuses
des pulsations d'instant
comme une musicalité secrète
Comme à l'atelier
hypothétique danseur
chaque geste est expressif
chaque acte fait sens
comme un verbe qui pourrait venir
nommant exactement ce que je vis
un acte qui pourrait faire lien à un partenaire.
Comme à l'atelier
hypothétique danseur
je joue des actes
je les transforme
en variations nouvelles
les même actes mais autrement.
Parfois je ralentis
un jeu de décomposition
et de recomposition.
Parfois je déforme
je rétrécis ou j'agrandis
toujours le même acte mais autrement.
Comme à l'atelier
hypothétique danseur
je suis émotion, je suis sentiment
je suis vigilant.
Je connais ceux qui m'entourent.
Je connais les chemins que j'emprunte
Parfois j'explore l'inconnu.
Dans chacun de mes instants
je sens de petits gestes, gestes à peine ébauchés
ils sont comme une habileté, un événement dont je ne suis pas le sujet
dont je ne suis pas l'origine, ça m'arrive.
Mon expérience vécue
est cet halluciné, ce rêve, ce verbe
qu'une Mathématicienne m'a révélé.
Une Fulgurante harmonie de verbes.
Des fulgurance en permanence entrain de se renouveler
sans cesse s'actualisant
je suis présence
chaque acte se fait dans un connu
un connu dont je suis distinct.
Connaître est ce que je retrouve
lorsque je descend les escaliers d'Eurydice.
A l'atelier
renonçant à l'évidence
j'ai vécu des harmonies de verbes
elles sont apparues de rêve morphique
elles sont apparues d'hypothèse de danseur
elles sont des danses qui me font
une présence dans les imaginaires.
Chaque actualescence est une scintillence.
La fulgurance de chacune des actualisations
je la nomme sentiment.

Éperdue :
sans repos
agité de mille gestes
éperdue et confuse
agitation insaisissables
des gestes incompréhensibles
toujours je cherche.
Depuis ce rêve j'ai fait ce qu'il fallait
moi même y étant
moi même advenant
j'ai fait ce qu'il fallait pour jeter sous moi même
ce qui me fait apparue voyant
ce qui me fait apparue sentant
j'ai fait ce qu'il fallait pour être là lorsque apparaît le vécu
étant là à l'instant de mon apparition
y reconnaissant que je suis apparition.
Par ce rêve, je m'oblige, je m'engage
à ne pas être absente.
Mais je ne sais pas comment je fais
cela me vient sans que j'y sois pour le faire
Je cherche ce que je fais et que l’écureuil ne fait pas.
De petits gestes du vécu sont là
ils viennent d'outre nuit
ils viennent sans raison et sans cause
ils se font sans personne pour les faire
il n'y a personne pour les vivre.
J'ignore tout de ce qui permettrait d'écrire
l'éthogramme de l'observateur
l'éthogramme du contemplatif.
La mathématicienne n'a encore rien révélé de cela.
Je ne sais rien de l'éthogramme du danseur
cela me vient sans que j'y sois pour le faire.
D'une infinie douceur aussi
contemplant l’écureuil
je me sens vivre les actes d'un mammifère.
Comme à l'atelier, étant descendue à Eurydice
prenant l'attitude du danseur
je laisse se faire des actes du senti
des sentiments d'actes
des mouvements intérieurs, des désir
ils sont ce qui m'arrive.
Je n'y rajoute rien, je ne fais rien, je laisse se faire
et pourtant, par de petits actes se faisant
sans rien changer à ce qui déjà se fait
d'un presque rien de faire
j'y suis pour le vivre.
Il y a quelqu'un qui vit des actes de lien.
Mais je ne sais pas comment je fais
cela me vient sans que j'y sois pour le faire.
Et de ce rêve, au morphaffectueux
j'ai fait ce qu'il fallait de laisser faire
et comme venant d'avant
je l'ai fait intensément
me saisissant moi même
sentant des actes de lien
je me suis saisie de moi même
moi-même saisissant
dans une tonicité éveillée
comme d'une poigne sincère
je me suis prise moi même.
Mais je ne sais pas comment je fais
cela me vient sans que j'y sois pour le faire.
Dans la fantasia des apparitions
je suis devenue l'unique
celle qui voit et qui sent
scintillences et fulgurances
je suis devenue sujet
à l'objectivation dans un champ des possibles
j'ai vu des harmonies d'actes en écho et leur réminiscences
à la subjectivation à l'enchevêtré des métamorphoses
j'ai senti des actes de lien et de jeu se faisant.
Mais je ne sais pas comment je fais
cela me vient sans que j'y sois pour le faire.
Sans faire mystère et ne rien inventant
plutôt que de croire
éperdue
je dis :
Je ne sais pas qui je suis.