Voltigeur :
La réalité est là, devant moi
entièrement vu jusqu'en ses principes.
Et première question de l'histoire :
Qu'est ce que le vivant ?
Venue d'une théorie systémique
de génétique, de physiologie cellulaire
tu m'expliques le vivant de la bactérie.
Venue d'une théorie systémique
tu dis que le vivant est propriété émergente
puis de haute certitude
de ces savoirs tu fabriques un artefact
image et ressemblance des principes énoncés.
Mais ni à l'artefact
ne vient le vivant de la bactérie
ni par l'explication que tu me donnes
ne me vient d'être vivant.
Émergence n'est qu'un mot pour la consolation
comme aux vieilles histoires se disait
dieu, énergie, vibration ou mystère.
Le savoir cybernéticien ne me parle pas
ne dit rien d'un geste que je pourrais faire
ne dit rien qui ne te fasse vivante
ne dit rien qui ne me permette de guider l'expérience vécu du vivant
ne dit rien qui ne me ramène à la cellule unique que je fus
ne dit rien qui ne me rappelle le début de ce que je suis
ne dit rien qui n'apaise le désir du revenir d'absence
ne soulage rien des questionnements.
L'explication ne fait pas résolution.
Je sais et rien n'y fait.
Plutôt silence que les mensonges du savoir
je me refuse au labyrinthe des égarés.
J'avance.
Danseur exalté
Je viens partager ta danse d'organique chimie
oui d'évidence en toi, tu sens le vivant
La réalité, là exalté, dedans toi.
Tu sens le vivant mais c'est illusion.
Parce que tu te fais sujet déjà là avant la réalité
à ta danse jamais ne vient de revenir d'absence.
Ta danse, je ne peux pas la faire mienne
je ne vois que désordre de gestes.
Je me refuse à l'insensé.
J'avance.
Poète exalté
je viens partager ton poème.
A tes mots de poète exaltant le vivace
je me mets en jeu et j'incarne
mais au figé des croyances et des crédulités
confusion du poème et de la rumeur
rien de moi-même ne vient à ce poème
je ne trouve aucun sens à tes mots.
Je ne deviens pas vivant si je ne l'étais pas déjà.
Je me refuse aux mots déjà dits.
J'avance.
Voltigeur sans origine, j'avance.
Du savoir et des exaltations
ayant escaladé tous les mots du vivant
mes yeux perdus à l'horizon trop vaste
d'une volte insouciante
je me jette aux abîmes.
A la confiance du monde renversé
suspendant tout ce qui déjà fut
je ne sais plus.