Désirante :
J'accueille au miroir
en regard partagée
ce visage désiré.
D'un désir traversant je t'appelle
d'un mot qui te nomme
singulière pour moi.
Innocence :
Ce visage me plaît
moi-même advenue
au nom qui viendra.
Michel-Angelo :
Mes yeux sont ouverts.
Ma main est habile.
Utopie :
Ferme les yeux Michel-Angelo ! ferme les yeux !
Michel-Angelo :
D'un trait je dessine un visage
qui te fasse unique.
La clameur :
Ferme les yeux Michel-Angelo ! ferme les yeux !
Utopie :
Tu vois une apparence que tu confonds avec le morphe.
Tu ne vois plus le morphe, tu oublies le halo de cohérence.
Tu fais de la réalité un extérieur.
Tu mets le connu dans les limbes d'inconnaissance.
Tu négliges d'être sujet de cette réalité
celui la faisant apparaître.
La clameur :
Ferme les yeux Michel-Angelo !
Utopie :
Le miroir est trompeur.
Ton récit est mensonge.
La clameur :
Ferme les yeux !
Utopie :
Ferme les yeux Michel-Angelo !
Tu dessines l'absente !
Gardienne du voir :
Au miroir des vieilles histoires
viennent des visages oubliés.
Un miroir toujours les inventant d'une autre forme
que celle que fit Morphée au premier jour du rêve.
De Morphée prenant la place
coupant le fil de l'histoire
Michel-Angelo donne forme à un dessin
ne plus atteignant au principe d'Incertain-Cohérent.
Ainsi il grave le dessin en sa ténacité.
Utopie :
Michel-Angelo tu dessines un visage
qui n'est plus celui qui vient d'outre nuit.
Tu dessines le figé d'un instant.
Psyché :
Une attitude de conscience
éclaire ce qui est en train de se vivre
néglige les actes sous-jacents.
Une attitude naturelle
où s'oublient les actes d'un morphe faisant un vécu.
Où s'oublie l'actualescence et l'instant.
Éthologue morphique :
Lorsque se confond la gluance avec le morphe
ne se voit plus l'actualescence du morphe.
Le savoir est mensonge.
Pourtant à mon savoir
au ventre fin d'Antonin Artaud
à l'ombilic des limbes
comme au ciel des mes observatoires
toujours en langue maternelle
l'oiseau vole.
Utopie :
D'une langue morphique il faudrait
le sujet qui voit
le verbe d'un morphe
le su de la réalité.
J'appelle :
L'éthologue qui observe.
La scintillence qui vole.
L'oiseau mis à la réalité.
Funambule de Logos :
Le dessiné oubli son origine
oubli d'où il vient
comme coupant le fil d'équilibriste
s'oublie le principe d'Incertain-Cohérent.
Pourtant aux équilibres
au fil tendu sous moi-même
toujours je m'élance.
Utopie :
D'une langue morphique il faudrait
le sujet qui voit
le verbe d'un morphe
le su de la réalité.
J'appelle :
Le sujet du vécu.
La fulgurance qui vole.
Moi même à la réalité.
Tisserand d'existences :
D'histoires viennent des visages innombrables.
Aux instants incertains parmi mille possibles et sans discernement
à l'histoire qui avance, au tressé de mon conte
toujours se choisit un visage éclairé
un séduisant visage.
Innocence :
Ce visage me plaît
moi-même advenue
au nom qui viendra.
Éthologue morphique :
Lorsque se confond la gluance avec le morphe
ne se voit plus l'actualescence du morphe
de plaisante confusion
vient une réalité illusoire.
Paolo Uccello :
Figeant des instants merveilleux
saisissant l'humanité même de l'apparu
instant suspendu ne plus sachant
le dessin est oubli.
Pourtant à la toile d'André Masson
au ventre fin d'Antonin Artaud
une grenade éclate.
Utopie :
D'une langue morphique il faudrait
le sujet qui voit
le verbe d'un morphe
le su de la réalité.
J'appelle :
L'innocent qui contemple.
La scintillence de l'éclat.
La grenade réelle.
Innocence :
Ce visage me plaît
moi-même advenue
au nom qui viendra.
Voltigeur :
Oubliant l'oubli
égaré aux histoires fondatrices
au premier visage de la séduction
tu te laisses séduire.
A cette idée qui passe
la trouvant belle
tu te laisses séduire.
Nietzsche :
«Que sait l’humain de lui-même ? La nature lui a caché la vérité, l'enfermant dans la fascination d'une conscience fière et chimérique, à l’écart des secrets de ses entrailles, du flux de son sang, du frémissement de ses fibres ; elle a jeté la clef, et l’homme, indifférent à sa propre ignorance, se tient dans ses rêves comme sur le dos d'un tigre...»
Innocence :
Ce visage me plaît
moi-même advenue
au nom qui viendra.