H96 | Écho Émues

Éthologue :

Aux évocations de ta danse
je cherche les ressemblances animales.

D'un regard éthologue
je descends les strates du vivant-animal.
Aux évocations de ta danse
je trouve un ver marin
des anneaux animés enchaînés en chapelet.
En vague d'animer, le ver ondule
ainsi il avance.

Du ver
je ne projette rien
je renonce à voir un ensemble de cellules
dont la physiologie serait l'explication de ce que je vois
je renonce à voir du mystérieux ou de la métaphysique.
Je n'invente rien
ne pas forcer mes yeux à voir plus qu'ils ne voient.
Je ne vois
rien d'autre qu'avancer
cela suffit à le décrire.

Orphée :

Aux mots de l'éthologue
je danse comme l'éponge
juste l'animer
je danse comme l'éponge
te faisant croire à l'animer.

Je n'y suis pas comme l'éponge y est.
Si j'étais éponge
il n'y aurait rien d'autre qu'animer
et rien de moi qui ne te vienne.
J'y suis comme n'y est pas l'éponge
j'y suis humain dont tu épouses la danse.

Les yeux fermés je suis venu à toi
tu vois ma danse
je te la donnes à vivre.
Tu ne vois plus Orphée dansant
je joue de toi.
Je t'initie aux recommencements sans fin
toujours la même chose
jamais la même chose
rien d'autre qu'animer
je joue de toi.

Dansant l'éponge, j'évoque en toi l'animer
ma danse te touche en ce que tu as d'animal
te rappelle qui tu es, d'où tu viens
ma danse te rappelle à toi-même.
Revenant à toi
tu t'éveilles animale
tu connais désormais cette danse.

Orphée :

Aux mots de l'éthologue
je danse comme le ver
juste l'onduler
je danse comme le ver
te faisant croire au souffle.

Je n'y suis pas comme le ver y est.
Si j'étais ver marin
il n'y aurait rien d'autre qu'avancer
et rien de moi qui ne te vienne.
J'y suis comme n'y est pas le ver
j'y suis humain dont tu épouses la danse.

Les yeux fermés je suis venu à toi
tu vois ma danse
je te la donnes à vivre.
Tu ne vois plus Orphée dansant
je joue de toi.
Je t'initie à la vague te traversant
toujours allant
je joue de toi.

Dansant le ver, j'évoque en toi le souffle
ma danse te touche en ce que tu as d'archaïque
te rappelle qui tu es, d'où tu viens
ma danse te rappelle à toi-même.
Revenant à toi
tu t'éveilles animale
tu connais désormais cette danse.

Orphée :

Aux mots de l'éthologue
je danse comme le poisson
juste des actes
Je danse comme la salamandre
te faisant croire que tu es faite d'actes.

Je n'y suis pas comme la salamandre y est.
Si j'étais triton, poisson ou crapaud
il n'y aurait rien d'autre que des actes se faisant
et rien de moi qui ne te vienne.
J'y suis comme n'y est pas la salamandre
j'y suis humain dont tu épouses la danse.

Les yeux fermés je suis venu à toi
tu vois ma danse
je te la donnes à vivre.
Tu ne vois plus Orphée dansant
je joue de toi.
Je t'initie aux instants
des actes toujours recommencés
je joue de toi.

Dansant la salamandre, j'évoque en toi l'étendue et ses actes.
Ma danse te touche en ce que tu as d'agissant
te rappelle qui tu es, d'où tu viens
ma danse te rappelle à toi-même.
Revenant à toi
tu t'éveilles animale
tu connais désormais cette danse.

Funambule de Logos :

Au croisement du souffle que je vis et du ver que je vois
d'une double subjectivité en miroir
d'un mot qui nomme et le vu et le vécu
viennent des phrases qui se tiennent au fil d'une pensée.

Au regard d'éthologue, observant le ver marin
je vois qu'il avance, rien d'autre qu'avancer.
Avancer ne se décrit pas mais se constate et se nomme.
L'onduler n'est pas constitué, n'est pas décomposable.
L'onduler ne vient pas de substances et de fonctionnement.
l'onduler est atome d'animal, élément insécable.
Onduler est l'acte qui constitue le ver marin.

Au vécu de la danse
se sentir ver ondulant est humain joueur
l'ondulation du ver est ce qui m'emporte.
A mon vécu humain
elle est mon sentiment d'unité
elle est un souffle qui me traverse
un mot que je pose sur le fil de logos.

Vécu de la danse et regard d'éthologue
des actes dont je suis faite
au profond des mobilités
il y a l'onduler du ver.
Pour le ver il n'y a rien d'autre.

Au croisement du souffle que je vis et du ver que je vois
je retrouve mon histoire
première mobilité animale
le ver est de ma lignée
je suis enfant d'un ver marin.

Vécu de la danse et regard d'éthologue
au ver marin personne n'est revenu d'absence.
Sur le fil de logos, j'avance.