H95 | Écho Émues

Eurydice :

D'outre nuit
venant d'Orphée
vint une danse traversante
je suis déjà à cette danse.

En mon apparition
gravissant l'escalier du revenir
l'animer se prolonge
devient une vague qui me traverse
me voici ondulante.

Au recommencement des vagues
je suis simplement souffle
existence en mouvement
sans bord, ni lieu, ni temps.

Danse ondulante
j'avance.
Rien d'autre.

Éthologue :

Aux évocations de ta danse
je cherche les ressemblances animales.

D'un regard éthologue
je descends au plus simple du vivant animal
au plus simple du vivant-animal je trouve l'éponge
animal fixé à son rocher
une sphère qui s'expand et se rétracte
ainsi filtre l'eau de mer nourricière.

L'éponge est notre plus lointain ancêtre animal.

De l'éponge
je ne projette rien
je renonce à voir un ensemble de cellules
dont la physiologie serait l'explication de ce que je vois
je renonce à voir du mystérieux ou de la métaphysique.
Je n'invente rien
ne pas forcer mes yeux à voir plus qu'ils ne voient
je ne vois
rien d'autre qu'animer.
cela suffit à la décrire.

Éthologue :

Aux évocations de ta danse
je cherche les ressemblances animales.

D'un regard éthologue
je descends les strates du vivant-animal.
Aux évocations de ta danse
je trouve un ver marin
des anneaux animés enchaînés en chapelet.
En vague d'animer, le ver ondule
ainsi il avance.

Du ver
je ne projette rien
je renonce à voir un ensemble de cellules
dont la physiologie serait l'explication de ce que je vois
je renonce à voir du mystérieux ou de la métaphysique.
Je n'invente rien
ne pas forcer mes yeux à voir plus qu'ils ne voient.
Je ne vois
rien d'autre qu'avancer
cela suffit à le décrire.

Éthologue :

Aux évocations de ta danse
je cherche les ressemblances animales.

D'un regard éthologue
je descends les strates du vivant-animal.
Aux évocations de ta danse
je reconnais la nage du poisson
je reconnais le bond de la grenouille
je reconnais des actes se faisant
avancer, tourner, reculer, nager, fouir, bondir
des arrêts ou des attentes.
un répertoire d'actes simples et concrets

Toujours ce qui est alentour participe de l'acte
une instantanéité d'acte selon des circonstances.
L'animal est une étendue.

Du poisson ou du crapaud
je ne projette rien
je renonce à voir un ensemble de cellules
dont la physiologie serait l'explication de ce que je vois
je renonce à voir du mystérieux ou de la métaphysique.
Je n'invente rien
ne pas forcer mes yeux à voir plus qu'ils ne voient.
Je ne vois
rien d'autre qu'un animal agissant
rien d'autre que des actes simples et concrets
cela suffit à le décrire.

Orphée :

Aux mots de l'éthologue
je danse comme le ver
juste l'onduler
je danse comme le ver
te faisant croire au souffle.

Je n'y suis pas comme le ver y est.
Si j'étais ver marin
il n'y aurait rien d'autre qu'avancer
et rien de moi qui ne te vienne.
J'y suis comme n'y est pas le ver
j'y suis humain dont tu épouses la danse.

Les yeux fermés je suis venu à toi
tu vois ma danse
je te la donnes à vivre.
Tu ne vois plus Orphée dansant
je joue de toi.
Je t'initie à la vague te traversant
toujours allant
je joue de toi.

Dansant le ver, j'évoque en toi le souffle
ma danse te touche en ce que tu as d'archaïque
te rappelle qui tu es, d'où tu viens
ma danse te rappelle à toi-même.
Revenant à toi
tu t'éveilles animale
tu connais désormais cette danse.