La clameur :
Cherchant leur histoire
à l'expérience d'eux-mêmes
ils passent leur temps.
Artisans de leurs gestes
déjouant les évidences
ils fondent des mots.
Désirante :
Je n'ignore pas le dessin que je suis, je ne peux l'ignorer
toute ma difficulté est le figé du dessin
bien plus difficile que de renoncer aux savoirs et aux évidences
le figé du dessin est tenace
et abandonner l'évidence première est rare.
Ainsi, jour après jour
comme tous ceux qui cherchent
je reviens à l'exercice
encore effacer les pensées
encore perdre la tête
mais comment faire autrement ?
mais comment ne plus être aux entraves ?
Du mieux que je puisse
je me perd en tout ce que je suis.
Ainsi aux années et chaque jour
je continue de chercher.
Évidence :
Je suis l'évidence d'Aristote.
Aux paysages humains je suis celle qui parle avant que tu n'y sois pour le dire.
Tes mots viennent de moi plutôt que de toi.
Je suis celle qui parle par ta bouche
et voici de ma voix d'évidence
ce que ta bouche articule :
Comme Aristote
j'observe la réalité sous mes yeux
un monde à déchiffrer et à comprendre
un monde, là devant moi.
Je suis l'évidence d'Aristote.
Regardant l'animal
voici de ma voix d'évidence
ce que ta bouche articule :
Bien sur il y a la substance palpable
mais il faut aussi comprendre ce qui l'anime
comprendre le principe animal.
Bien sur il y a la matière et ses atomes
mais il faut aussi comprendre les physiologies
comprendre le principe de la conscience.
Regardant l'animal
voici de ma voix d'évidence
ce que ta bouche articule :
L'animal se meut de lui même sans cause extérieure
comme l'animal j'agis
s'il faut courir je cours
s'il faut nager je nage
si je suis immobile c'est de ne rien faire.
Regardant l'animal
voici de ma voix d'évidence
ce que ta bouche articule :
L'animal que je vois, toujours est délimité
par sa peau ou ses plumes ou ses écailles
séparé de ce qui l'entoure et qui n'est pas lui.
Par ma peau je suis séparée de ce qui m'entoure et qui n'est pas moi
les bruits, la lumière, les odeurs sont la réalité qui m'arrive.
De toute évidence la réalité est là
et devant moi l'espace du jeu.