Écho-clair-émue :
D'évidence perdue, je ne sais plus
je suis la première fois.
Des mots viennent, des mots m'échappent
je suis la première fois.
Des mots qui nomment les instants
je suis la première fois.
Sensible et dépouillée :
Je vois ta danse.
Je suis l'autre en miroir.
Plongeant à mon sentiment
au plus simple de mes mots
je dis ta danse.
Écho-clair-émue :
Je ferme les yeux
une main m’emmène, je me laisse conduire
ne plus rien y voir, ni en avant ni en arrière
comme égarée et sans but
je ne sais plus où je suis
j'ai quitté les mythologies et les histoires
qu'importe Orphée et Eurydice
je n'ai plus de mot, plus de question
je marche d'une marche conduite par une main
je cours et ma course chevauche les abîmes
je ne décide plus
je ne sais plus.
Sensible et dépouillée :
Tu n'y est plus, il n'y a personne qui danse
ta danse est sans raison, sans origine, sans logique
une danse qui se fait sans personne pour la faire.
Écho-clair-émue :
Par ta voix qui invite aux oublis
autant qu'il se peut je suis aux oublis
par ta main qui me guide
autant qu'il se peut, j'y suis perdant qui je suis
je plonge et c'est dissolution
je ne distingue plus
je suis sans lieu, sans bord
je ne sais plus le temps
je perd d'avoir un nom
j'ignore que je fus.
Sensible et dépouillée :
Tu fus comme un navire
tu est parti, traversant la nuée
tu fus conduite à la dissolution, à la confusion
tu as perdu toute image, toute forme, toute matière
une tentative d'anéantissement.
Écho-clair-émue :
Insouciance
aucun questionnement
comme une multitude de mains m'invitant
ce n'est pas moi qui danse, c'est la danse qui se fait.
Une musique vient, elle me prend
me secouant en pulsion, en tout sens, en désordre
ma tête bondit, emportant mes yeux
mon vêtement fait voile, je suis tempête.
Sensible et dépouillée :
La danse t'emporte
sans cesse mouvante, tu danses
manifeste du feu
tremblements tectoniques
torrents et remous
volutes en nuages
captivée par la danse où tu t'oublies
je ne peux détacher mon regard.
Écho-clair-émue :
Je m'abandonne aux tourments
déjà égarée, je me perd encore
je vole et mon vol est précipice
je suis désignée au vide.
Sensible et dépouillée :
Tu es Orphée et Eurydice
lorsqu'ils ne s'appartiennent plus ni l'un ni l'autre
ni à l'un ni à l'autre
ni au monde
ayant perdu la vue, tu es nuit
ayant perdu la vue, tu t'est quitté
seul reste le mouvement
un éternel remaniement
une mouvance sans ordonnancement
sans rien qui ne soit organisé
un chaos de mouvement
un désordre d'agitation.
Écho-clair-émue :
Le silence se fait
une immobilité
me laisse assise
une éternité
face au rien.
Sensible et dépouillée :
Tu reviens aux apaisements.