Lucide :
Lucide
je sais les mots qui viennent de civilisation
je sais les labyrinthes dualistes et réductionnistes
Je sais les mots qui viennent d'évidence
je sais le piège des attitudes naturelles en langue maternelle.
Je connais les entraves.
Mais qu'importe !
Aux mots insufflés à la chute
s'effacent les mots qui viennent de civilisation
s'effacent les mots qui viennent d'évidence
s'effacent les mots qui viennent d'entrave.
Aux savoirs anciens l'évidence disait :
Je vois la scène, je visualise, je planifie.
Ce sont des activités cognitives
ayant leur origine dans un cerveau.
Du vécu d’Écho-clair-émue
du vécu de Sensible et dépouillée
Lucide, j'écoute les mots.
Aux mots insufflés à la chute j’entends :
Visualiser c'est imaginer avec les yeux.
J'ai le sentiment d'une scène visuelle devant moi
mais les regards en ébauche me rappelle
tout ce que je fais pour la faire exister
tout ce que je fais pour halluciner une scène visuelle.
Aux mots insufflés à la chute j’entends :
Le sentiment de scène est illusion.
Il y a de grandes parties de la scène que je n'ai pas vu
j'ai porté mon attention à quelques éléments de la scène
et néanmoins j'ai la certitude de l'avoir tout entière.
Je suis comme inventant la scène.
Aux mots insufflés à la chute j’entends :
Le regard devient référentiel
pour les coordinations visuo-motrices
la main agit dans un champ visuel.
Danseur exigeant, au laboratoire des danses
jouant des circonstances qui défont les évidences
s'explore en aller retour les gestes, leurs vécus
et les mots qui les nomment.
Quittant l'évidence des visions je dis :
Par de actes minorés se faisant vient une vision
se constitue le contenue de la scène
identifier, catégoriser, cartographier
des paysages, des visages, des hiérarchies, des objets
j'identifie d'un coup d’œil les entités de la scène
Quittant l'évidence des visions je dis :
J'hallucine la scène.
Lucide
je compile les expériences.
Lucide
j'accumule les mots
lucides
déjouant les évidences.