Lucide :
Lucide
je sais les mots qui viennent de civilisation
je sais les labyrinthes dualistes et réductionnistes
Je sais les mots qui viennent d'évidence
je sais le piège des attitudes naturelles en langue maternelle.
Je connais les entraves.
Mais qu'importe !
Aux mots insufflés à la chute
s'effacent les mots qui viennent de civilisation
s'effacent les mots qui viennent d'évidence
s'effacent les mots qui viennent d'entrave.
Aux savoirs anciens l'évidence disait :
Imaginer ou prévoir
sont des activités cognitives
qui s'élaborent dans un cerveau.
Se situer dans le temps ou dans l'espace
percevoir un objet
sont des activités psychologiques et subjectives
qui s'élaborent dans un cerveau.
Du vécu d’Écho-clair-émue
du vécu de Sensible et dépouillée
Lucide, j'écoute les mots.
Aux mots insufflés à la chute j’entends :
Imaginer, prévoir, se souvenir, percevoir
sont actes en ébauche
sont une miniature d'actes à foison
sont comme des essentiels de l'acte
sont un acte évoqué
sont un acte simulé, devenu invisible et pourtant acte
sont un acte souterrain, une sub-action
sont foison harmonieuse d'actes minorés.
Aux mots insufflés à la chute j’entends :
Dès que cessent les actes en ébauches
ce qui s'imagine, disparaît
ce qui se perçoit, s'estompe
l'anticipation, se perd
le souvenir, s'efface .
Aux mots insufflés à la chute j’entends :
par des actes en ébauche
J'invente le temps
J'invente l'espace
je suis situé.
avant que je ne les fasse apparaître
il n'y avait ni le temps ni d'espace
je m'amuse de leur apparition et de leur disparition.
Danseur exigeant, au laboratoire des danses
jouant des circonstances qui défont les évidences
s'explore en aller retour les gestes, leurs vécus
et les mots qui les nomment.
Quittant l'évidence sensible des dehors je dis :
Par des harmonies d'actes minorés se faisant
je suis situé
je connais ce qui m'entoure
et au delà est l'inconnu.
Lucide
je compile les expériences.
Lucide
j'accumule les mots
lucides
déjouant les évidences.
Désirante :
Je n'ignore pas le dessin que je suis, je ne peux l'ignorer
toute ma difficulté est le figé du dessin
bien plus difficile que de renoncer au savoirs et aux évidences
le figé du dessin est tenace
et abandonner l'évidence des dehors est rare.
Je sais bien mes entraves
je ne trouve pas toujours
le bon rythme
la bonne distance
le bon souffle
je suis parfois
absente des circonstances
égarée dans la situation
ailleurs qu'ici et maintenant.
Du mieux que je puisse
répétant l'exercice
je déjoue l'évidence.
Ainsi aux années et chaque jour
je continue de chercher.