Souffleur :
Énigmatique, à la chute
J'insuffle des circonstances
où se perdent les évidences.
Tu bascules !
De quelle substance es-tu ?
A ta chute j'insuffle
les métamorphoses et l'animé.
Tu fermes les yeux, de mes mains je te touche, tu restes immobile.
Pétrir comme on pétrie l'argile
longuement je te pétrie comme si tu étais argile
peu à peu je te modèle comme si je te donnais la forme que tu es déjà.
Toucher comme on caresse une soie
longuement je lisse peau et tissus
peu à peu je t'enveloppe de ce qui déjà te couvre.
Masser comme on charpente
longuement mes mains cherchent ton squelette
comme le formant et le dressant.
Prendre ta chair comme rassemblant des morceaux
longuement à chaque articulation
je donne ses mouvements possibles et son lien.
Encore toucher comme une outre de cuir pleine d'eau
un amas de cellules blotties dans une grande peau
je te fais milliards de cellules dans leur lenteur cellulaire.
Maintenant à ton nombril
je touche une langueur d'expansion et de rétraction déjà se faisant.
Longuement je te donne ces métamorphoses déjà se faisant.
De mes mains ouvrières, touchant l'animé, j'accompagne le mouvant se faisant.
Je te fais animale.
Descendue à Eurydice autant qu'il te puisse
ayant perdue d'être sujet de tes gestes
à ton souffle je te laisse.
Un presque rien de danse commence.