H109 | Écho Émues

Orphée :

Viens.
Tu gravis l'escalier du revenir
devenant qui tu es.

Venu à toi
je ne peux que danser.

Viens, il nous faut revenir
retrouver l'exact chemin qui nous fit
en faire notre histoire.

Venu à toi
je ne peux que danser.

Viens jouer le jeu
des disputes et des courses
puis te dessiner plus légère.

Venu à toi
je ne peux que danser.

A la danse qui me vient
tu habiteras la tendresse
tu connaîtras la terre.

Eurydice :

D'outre nuit
venant d'Orphée
vint une danse
je suis déjà à cette danse.

En mon apparition
gravissant l'escalier du revenir
selon les circonstances
je suis capable de retenir le geste
je suis capable de ne faire qu'un peu
ce sont des actes imaginés.

Toujours mes actes se font dans un espace
prennent le temps des musicalités et du rythme.
Je danse imaginant les lieux et les saisons.
Je danse étant située.

Je danse
donnant à voir des invisibles.
Rien d'autre.

Eurydice :

D'outre nuit
venant d'Orphée
vint une danse
je suis déjà à cette danse.

En mon apparition
gravissant l'escalier du revenir
je trouve comment te donner existence
je trouve comment me donner existence
je trouve le jeu et la présence
j'explore les possibles et leurs transformations.

Je danse
étant dessin qui se danse
étant dessin moi même
étant une peau qui s'habite
étant le lien qui connaît
je danse m'imaginant.

Je danse.
Jouant de moi, je joue de toi.
Rien d'autre.

Eurydice :

D'outre nuit
venant d'Orphée
vint une danse
je suis déjà à cette danse.

En mon apparition
gravissant l'escalier du revenir
voilà désormais que mon regard change
je vois la branche et l'élan et l'empoignement
je vois ma main, j'imagine ma main et les gestes qu'elle fera.
J'invente la scène.

Je danse avec toi
je comprend tes intentions
imaginant ce que tu vois
j'imagine des enchaînements
je prévois des conséquences
j'élabore des stratégies
à chaque instant, je compose.

Je suis sur scène.
Je danse.
Rien d'autre.

Éthologue :

Aux évocations de ta danse
je cherche les ressemblances animales.

D'un regard éthologue
je descends les strates du vivant-animal.
Aux évocations de ta danse
je reconnais les sauts et les jeux de l'écureuil
je reconnais les apprentissages du rat.

Les mammifères sont affectueux
ils ont une enfance, ils n'y sont pas seul
ils finissent de se construire en jouant
ils partagent terrier ou troupeau.

Du mammifère
je ne projette rien
je renonce à voir un ensemble de cellules
dont la physiologie serait l'explication de ce que je vois
je renonce à voir du mystérieux ou de la métaphysique.
Je n'invente rien
ne pas forcer mes yeux à voir plus qu'ils ne voient.
Je ne vois
rien d'autre que des liens affectueux
rien d'autre que le connu d'un territoire
cela suffit à le décrire.