Funambule de logos :
Assailli de savoirs immémoriaux
dans le silence, me refusant aux absences
je me tiens là, en équilibre
j'oscille cherchant mes mots.
Bien sûr il y a encore les idiots.
Ils piétinent en labyrinthe
complaisant à l'absence
convaincu d'eux même
reprenant en chœur les poncifs du corps et de l'esprit
ou propageant en rumeurs de séduisants savoirs.
Troupeau d'errants tournoyant sur eux-même
ils se reconnaissent
à leurs danses insignifiantes
à leurs mots insensés sollicitant l'absence.
Au fil d'équilibre
ne pas se raconter d'histoire.
Je m'avance écartant les mots falsificateurs.
Je m'élance j'aime ces danses qui parlent.
Suivant le fil d'équilibriste
je cherche les gestes qui font présence
leurs mots qui veulent dire.
Sincère :
Je cherche les gestes qui font présence
leurs mots qui veulent dire.
J'ai roulé mes bras sur le sol. bras roulés. Je laisse trace et voici mon vécu.
Je dis la réalité.
Lucide :
J'écoute tes mots !
Craignant les mots
qui seraient savoir plutôt que senti
danseur exigeant
je me refuse à l'évidence de ce qui est déjà là.
Sincère :
J'ai roulé mes bras sur le sol. bras roulés. Je laisse trace et voici mon vécu.
Je dis tout le foisonnement et le détail de la réalité.
Les muscles qui se contractent ou se détendent.
Les contacts de la peau au sol, le bosselé de l'os au coude.
La forme, le volume de mes bras et le mouvement.
Les concordances du geste avec la respiration.
La conscience corporelle qui émerge de toutes mes sensations.
Lucide :
Tu dis tes sensations de contraction et d'articulation.
Tu dis la conscience du geste.
Tu dis la conscience et le détail des formes.
Sincère :
Oui c'est effectivement cela que je sens.
Je nomme ce qui se sent en mots simples
des mots tellement évidents, tellement élémentaires
nul besoin d'explication, il suffit d'énumérer.
Je nomme ce que je sens en dehors de toutes pensées.
Sentir la réalité et la dire, pas d'ambiguïté.
Je te dis la stricte réalité vérifiable et palpable.
Lucide :
Tu dis un cerveau qui ordonne et comprend.
Tu dis des capteurs sensoriels qui t'informent.
Tu dis des réseaux de neurones qui te font vivre ceci ou cela.
Tu dis l'émergence de la conscience.
Tu dis biologie holistique ou systémique.
Ces mots sont de ton école
des mots appris avant d'être vécus.
Algorithme, système, capteurs, effecteurs
des mots de robots et d'ordinateurs
un dualisme cartésien déguisé en cybernétique
du traitement de l'information et du calcul.
Une science faisant rumeur de mots.
Sincère :
Mais ces mots, aux choses subtiles du vécu, sont mes mots
et j'aimerais qu'ils te disent comme je sens
et j'aimerais que tu sentes comme je dis
et j'aimerais que mes mots tracent en toi ma présence
et que tu te souviennes de moi
et que tu viennes à toi.
Lucide :
Tu dis les mots de ton savoir
un savoir déjà la avant le geste.
Cela n'est pas sentir.
Tu n'as rien senti du geste.
Tu t'es confondu aux savoirs.
Plus lentement, prends le temps de vivre l'exercice.