Écho Émues

L'Incertain-Cohérent

Égarée :

Voici que le conte est achevé.
De la première bactérie
à l'hominisation parlante
l'histoire est parcourue.
Notre histoire est articulée.

« pourquoi quelqu'un plutôt que rien ? »
Désormais je sais bien que l'humaine apparition
met fin au « rien » qui la précède.
L'histoire est belle.
Mais à ce conte rien ne vient
qui soit moi-même apparaissant.
Rien qui ne réponde à la question
« pourquoi quelqu'un plutôt que rien ? »

Au conte de l'hominisation je ne reviens pas.
Malgré l'immense certitude
tes mots ne me parlent pas
tes mots ne font pas le revenir d'absence.

Je suis effarée.

Au principe de cette hominisation je suis apparue
apparue ignorante de quel principe je suis
mais néanmoins apparue.
Apparue sans artifice
mais néanmoins par l'outil, le feu et la parole.
Apparue avec les mots d'un langage articulé
mais néanmoins sans histoire.
Apparue faisant face
apparue au début d'une histoire
une l'histoire que je sais
une l'histoire dont je suis
mais néanmoins un conte dont je n’apparaît pas.
Apparue d'une l'histoire disant un principe
qui n'est pas le principe dont je suis.

Je suis effrayé.

De stupide stupeur
ma certitude n'est qu'un conte
qui m’engloutit en stupéfaction.
Aux choses subtiles du vécu ces mots sont vides.
Ils ne construisent pas quelqu'un apparaissant les yeux ouverts.

Je suis égarée.

Je sais comment les humains sont apparus
mais je ne sais rien du revenir d'absence.
Sidérée de lumière à ce conte rien ne vient

Et toujours revient la question
« Pourquoi quelqu'un plutôt que rien ? »
Et toujours revient la question
me laissant seule au labyrinthe.
Et toujours seul je marche
avide de savoir.