Questionnante :
Je ferme les yeux.
Aux bruissements des souffles
de paroles imprononcées
viennent les questions.
Comment advient il à la couleur d'être vu ?
Comment advient il au paysage d'être beau ?
Comment advient il au fruit d'être désiré ?
Comment advient il à la main d'être tendresse ?
Comment advient il qu'à ta voix s'ouvrent mes yeux ?
Comment advient il au visage d'être étonné ?
Funambule de logos :
Assailli de savoirs immémoriaux
je prends le temps des idées qui prennent leur temps pour venir
le temps des sagesses, des cheminements et du détour
le temps du dialogue et des réfutations
le temps d'une nuit, l'idée à méditer.
Assaillie de savoirs immémoriaux
dressée en mon apparition et pleine des questions
je sais bien mes errances et les mots qui trichent
je sais bien le labyrinthe et sa désespérance
je sais bien qu'il faut faire silence des mots qui m'égarent.
Assailli de savoirs immémoriaux
dans le silence, me refusant aux absences
je me tiens là, en équilibre, je réfléchis.
Je discerne les mots qui en moi sollicitent l'absente
les mots qui de l'humain, excitent aux sacrifices et aux offrandes
les mots révélation, métamorphoses, lignage, apocalypse
des savoirs pour entourer d'un rempart les humains de la cité
éradiquant les barbares, purifiant son peuple.
Je reconnais l'éthique défaillante dans les mots du pouvoir
Je discerne les mots qui en moi sollicitent l'absent
les mots qui de l'humain, retiennent la panique mais libèrent la furie
les ressassements de révélation, de métamorphoses, de lignage, ou d'apocalypse
savoirs psalmodiés résonant comme des voix humiliant la sagesse
et du plus tourmenté des humains fera un prophète conduisant les égarés.
Je reconnais l'éthique défaillante des mots qui veulent sans rien avoir à dire.
Je discerne les mots qui en moi sollicitent l'absente
les mots qui de l'humain, éveillent l'orgueil de la lignée
répétant révélation, métamorphoses, lignage, apocalypse
des savoirs imposant leurs verbes révélés
son prêtre exalte la divine réalité.
Je reconnais l'éthique défaillante des gardiens du récit.
Je discerne les mots qui en moi sollicitent l'absent
les mots qui de l'humain, glorifient leurs parures, leurs couleurs, leurs armes
bruissement de révélation, de métamorphoses, de lignage, ou d'apocalypse
faisant fête aux mots inspirés ne disant qu'eux même
des mots colporteurs d'une rumeur costumée et séduisante exaltant les magies.
Je reconnais l'éthique dissolue de l'insignifiance.
Assaillie de savoirs immémoriaux
d'emblée je distingue le propos qui n'offre pas le temps à l'assimilation
un prétendu savoir fermant les questions plutôt que d'y chercher.
Je m'avance écartant les mots falsificateurs.
Je m'élance j'aime savoir.
Je marche aux origines à découvrir.
Je marche à l'histoire dont je suis
l'histoire que des millénaires d'humanité
ont fondé en pyramide et en cité
ont organisé en dédale de raisonnement
ont conservé en des profondes argiles
emplies de signes nouveaux.
Suivant le fil d'équilibriste
en ce temps de labyrinthe
contemplant les savoirs immémoriaux
je cherche les récits qui font principe
leurs mots qui veulent dire.