Fantasia :
Et depuis que Morphée
à nouveau me fit apparaître
dans la chute prenant forme
je me souviens de mon apparition.
Dans la chute,
enfoui mais encore là
la forme d'un geste juste.
A ce geste, revenant d'absence
j'y trouve les mots à mon apparition.
J'invente le conte qui me fit apparaître.
Homo sapiens est capable de cela.
Dans la chute
confiante, joueuse et fantaisiste
j'invente mes avants autrement
que ce qu'ils furent au premier éveil.
Viennent des mots premiers
commence une autre histoire
qui me fonde à nouveau
un conte de renouvellement.
J'invente le conte qui me fit apparaître.
Homo sapiens est capable de cela.
Dans la chute
confiante, joueuse et fantaisiste
jouant de ce que je suis comme on déjoue ce qui fut
se jouant de moi même comme on défait son destin
dans ce renouvellement de l'apparition
et y reconnaissant comment je suis né
s'invente une histoire nouvelle.
J'invente le conte qui me fit apparaître.
Homo sapiens est capable de cela.
Dans la chute
se compose l'histoire qui m'engendre.
D'une démiurge liberté
être inventé à nouveau et autre
comme le poète des métamorphoses
fait poème de lui-même à l'instant du jouir
jouer de mot et de rire, y prendre liberté
de ce que je fus, rien ne sera plus.
J'invente le conte qui me fit apparaître.
Homo-sapiens est capable de cela.
Dans la chute
écho émue, je prends parole
une voix retrouvée, des mots prononcés
des mots qui font sens et te parle.
Renonçant aux argiles définitives
dans un souffle l'histoire s'articule
et te parle.
J'invente le conte qui me fit apparaître.
Homo-sapiens est capable de cela.
Dans la chute
d'une histoire nouvelle
revenir d'absence comme on revient à soi.
Rétablis des dispersions, comme jamais encore n'avoir été
être comme il aurait été possible d'être dès le premier instant.
Drôle d'histoire que celui qui se cherche parce qu'il s'ignore
et se cherche comme s'il était déjà là, et certain de lui même.
Ne pas se raconter d'histoire mais chercher son histoire.
Et l'inventer autant qu'il le faut.
Fonder le sujet. Renaître par le verbe.
Devenir celle qui parle, celui qui parle
dont les mots parlent et font sens.
J'invente le conte qui me fit apparaître.
Homo-sapiens est capable de cela.
Dans la chute
joueuse fantaisiste
je joue de fantasia
je conte l'histoire de mon apparition
d'un geste juste y apparaissant à nouveau.
Écho-clair-émue :
Revenir d'absence ?
Une équation à résoudre ?
Un cheminement intérieur ?
Une quête spirituelle ?
Une danse ou un poème célébrant le vivant ?
Rien n'y a fait.
Mais écho-clair-émue
mes yeux sont trop étonnés
mes pupilles trop dilatées
seulement dressée en dignité
rien d'autre qu'un visage pour faire face
rien d'autre qu'un désir lancinant
aucune concession aux rumeurs
aucune connivence avec l'illusion
aucune soumission à ce qui déjà est.
Revenir d'absence ?
Il faudra oublier les histoires de substances et d'esprit
pas de corps et de cerveau, pas plus que d'esprit divin
pas d'émergence de la complexité neuronale.
Plus de substance et infiniment y chercher ce qui anime la substance.
plus de regards formatés aux vieilles histoires
refuser tout dualisme
Revenir d'absence ?
Il faudra oublier les substances et leur fonctionnement
rien qui ne puisse satisfaire un désir de logique et d’algorithme
ni aucun dérouler à la raison raisonnante.
Plus de substance et infiniment y chercher ce qui anime la substance
plus de regards formatés aux vieilles histoires
refuser tout réductionnisme.
Revenir d'absence ?
Ne pas se raconter d'histoire mais chercher son histoire.
Venue d'un geste en son exacte survenue
dans la chute vivre encore le geste de mon apparition
chaque chute offrant bribe d'un souffle
chaque chute révélant un possible
de mots en éclats chercher le fil d'une histoire
enlacé aux origines, retrouver l'exact chemin qui me fit
vivre à nouveau comme une première fois.