Écho Émues

L'Incertain-Cohérent

Ivre des évidences:

Je me souviens de toutes les évidences
elles se sont révélées en leur étrangeté.
Je suis allée aux vagues comme on laisse venir des gestes
et les mots venus en vagues
ne distinguent pas ce qui est et ce qui s'invente.
Engourdi j'ai perdu mes gestes.
Éperdue je suis sans mot.

Que je sois mésopotamienne ou de Carthage
j'ai perdu les mots qui font sens.

Au tournoiement des évidences
sans cesse les perdant, sans cesse y revenant
je m'enivre et recommence
heureux comme joueur
jouant à déjouer
il m'importe peu de nommer
et tout autant je n'ai rien de mieux à faire
il n'y a rien d'autre qui vaille.

Ivre des évidences
toujours je suis d'une espèce
homo sapiens parmi les espèces.
Alors à l'éternel recommencement je joue.
J'aime tellement jouer de tout.
Et puis qu'importe !
Puisque cela est ainsi.

Jouant dans les ailleurs
parmi les vagues j'ai entendu des voix
me racontant et le précipice et le voyage :
« Un geste comme la première fois que le geste se ferait »
« un geste apaisant comme dissolvant les questions »
« un geste venant de ce que tu es déjà »
«  un geste d'avant les évidences »
« un geste venant de ce que tu aurais du être »
« un geste dont la justesse est ton apparition».
J'ai fait confiance aux yeux étonnés ouverts devant moi.
Comme d'appartenir à une longue lignée.

Ainsi à l'éternel recommencement je joue.
J'aime tellement jouer de tout.
Et puis qu'importe !
Puisque cela est ainsi.

Jouant de mouvement et de sagesse et des années durant
des justesses ou du désarroi renouvelant le geste
je prends le temps de vivre comme en éternité.
Aux mots en suspend, me contentant d'un geste
je joue de moi-même
et dans le geste se faisant
jouant aux apparitions
aux méandres des échecs m'y reprenant autant que nécessaire
partageant des regards cherchant le geste juste
y vivre l'apaisement d'un geste se faisant en même temps que me faisant.

Ainsi à l'éternel recommencement je joue.
J'aime tellement jouer de tout.
Et puis qu'importe !
Puisque cela est ainsi.

Je sais l'errance et l'éternité.
Risquant de perdre mon temps
risquant de tout perdre
jouant de chemin de hasard
jouant de danse
je respire avec toi d'un souffle unique et rassurant.
Refaire encore et faire que j'y sois.
Et jouer !
Voir le monde.
Halluciner le monde.
Je le vois étant bipède de poitrine face
homo-sapiens, je danse les apparitions animales.

Ainsi à l'éternel recommencement je joue.
J'aime tellement jouer de tout.
Et puis qu'importe !
Puisque cela est ainsi.

Toujours jouer se suffit à soi même.
Et quoi d'autre serait possible ?

Vivre et revivre le geste
je n'ai rien d'autre. Et je n'y peux rien.
Sentir le geste puis l'éclairer d'un dire.
Ma sincérité.

Vivre et revivre le geste
je n'ai rien d'autre que des mots en langue maternelle.
Ma sincérité.

Vivre et revivre le geste
La seule chose à laquelle j'ai accès, est l'apparence
les mots de l'évidence.
Ma sincérité.

Rien d'autre que l'évidence de mon senti
la sincérité de mes mots et l'éternel recommencement du geste.
Je n'ai rien d'autre que d'être d'une lignée
individus, sapiens parmi les bipèdes de mon genre.