Sincère :
Je cherche les gestes qui font présence
leurs mots qui veulent dire.
J'ai roulé mes bras sur le sol. bras roulés. Je laisse trace et voici mon vécu.
À l’extrême lenteur du mouvement
Je vais te dire le geste en son apparition.
Je vais aussi te dire ce que je vis, ce que je sens
en mon apparition faisant le geste.
Ainsi tu pourras le vivre aussi.
Ainsi aussi je reviendrais d'absence.
Lucide :
J'écoute tes mots !
Craignant les mots
qui seraient savoir plutôt que senti
danseur exigeant
je me refuse à l'évidence de ce qui est déjà là.
Sincère :
J'ai roulé mes bras sur le sable. Sable roulé.
À l'infini lenteur des mots
au vivant du mot en train de naître
voici que rien ne se prononce.
Dans l'extrême lenteur aucun mot ne vient
qui ne soit pas déjà là avant le senti.
Dans l'extrême lenteur je suis oubli ou savoir
mais aucun mot ne vient qui ne soit pas déjà là avant le senti.
Lucide :
Malgré l'infini lenteur
cela encore ne suffit pas à ton apparition.
Tout ce que tu dis
toujours ne conduit qu'à l'apparence du geste.
Un geste se faisant mais sans le vivre.
Ouvrir les yeux sans éveil aucun.
Ouvrir des mains mais nulle offrande.
Ta danse ne laisse pas trace.
Sincère :
Dans l'extrême lenteur je suis oubli ou savoir
mais aucun mot ne vient qui ne soit pas déjà là avant le senti.
Lucide :
Du geste en son apparition et de toi même le vivant
tu ne trouves aucun mot qui pourrait dire le vécu ou le senti
autrement que de mots qui disent l'apparence
autrement que de mots venant d'une évidence.
Nommer la présence ne te parle pas si tu n'es pas déjà là.
Aucune articulation du souffle ne devient sonorité qui éveille.
Sincère :
Aucun mot ne vient.
Lucide :
J'écoute ce silence !
Danseur exigeant
défaisant toutes les croyances civilisationnelles
craignant les mots qui seraient savoir plutôt que de senti
je me suis refusé à l'évidence de ce qui est déjà là.
Danseur exigeant
jamais je n'ai entendu un mot du senti
qui engendre le vécu d'un geste.
Évidence :
Les mots
ne nomment pas comme j'ai cru qu'ils nommaient
n'éveillent pas comme je voudrais qu'ils le fassent
ne disent pas la profondeur du vivre et du sentir.
Le senti naît des mots et non pas les mots du senti.
Ni les mots, ni même le senti, ni ma totale sincérité
ne conduise ailleurs que ce qui déjà fut.
Parmi les danses et les gestes
vient que les mots qui nomment le senti
s'éclairent d'étrangeté et d'incertitude.
Je crois voir le monde, je l'invente.
Je crois sentir un corps, je l'invente.
j'invente le monde, j'oublie que je l'invente.
J'oublie que je m'invente
et pris à mes évidences
sans fin les vieilles histoires reviennent hantées les nouvelles
toujours l'évidence fonde la certitude des histoires
qui se racontent en cette civilisation
toujours l'évidence fonde une certitude.
Quitter les illusions du voir.
Quitter l'illusion de soi.
Éteindre l'évidence
en langue maternelle.